Il suffit parfois de laisser les fenêtres ouvertes
Dans la cour – sifflotement d’un voisin – l’éboueur peut-être. Il sifflote ce que j’ai dans la tête. Au saut du lit je me dis que ça va trop loin ; il n’est même pas sept heures dix-sept.
Puis je finis par reconnaître la mélodie : Chemicals over the country club de Lana Del Rey. C’est un morceau que j’écoute plusieurs fois par jour – et très fort il est vrai – pour me faire taire d’abord ; ensuite me faire chanter ; parfois je me fais entendre et c’est toujours ça de gagné. Comme le bonus track d’une édition limitée.
Si j’ai une très bonne ouïe, l’entendement parfois pèche un peu. C’est du moins ce que souvent l’on m’a fait remarquer et c’est toujours ça de fait.
Il suffit parfois de laisser les fenêtres ouvertes pour qu’un écho les traverse, il est vrai. Il est vrai comme il sifflote cet air que j’ai dans la tête. Et ça ne va jamais assez loin dans l’aération, c’est ce que je pense quand s’essouffle la journée, tout enroulée déjà sur une taie d’oreiller en soie – en soie, ça froisse moins la peau il paraît et c’est important de l’avoir bien repulpée pour que les doutes y rebondissent avant sept heures dix-huit.
Puis je referme les ventaux en parfaite symétrie – à l’instar du chat des voisins, qu’il ne retrouve pas si vite la sortie.
Et comme j’ai vendu un meuble, demain dès l’ouverture je pourrai changer de tête