25.08.23

Aujourd’hui je passe l’après-midi dans un tunnel. L’infirmière est une femme charmante qui m’étudie sous toutes les coutures sans jamais s’offusquer, et puis elle a la solution.

Elle me dit « Je vous injecte le produit de contraste » puis il apparaît que c’est très flou. Elle met dans ma main un bouton que je n’ai pas à recoudre dieu soit alloué, mais à enfoncer en cas d’urgence. Je vois pas vraiment ce qui peut m’arriver de mieux comme je suis déjà allongée avec un coussin sous la nuque et un autre pour le creux poplité. Je vois pas grand-chose, faut dire. C’est peut-être ça, l’urgence. Et de commencer à penser fort à l’horizon pour ne pas penser au bouton.

Ombres et flashs finissent par me confondre. Dans la salle d’attente, un patient dit à son accompagnant qu’il veut une histoire cent prises de tête — ce doit être une histoire à rallonges qu’ainsi l’on recharge sans jamais quitter le canapé d’angle situé à l’opposé de la prise de terre nécessaire rappelons-le à la dispersion des charges statiques, et je file l’image par résonance magnétique. J’espère qu’ils n’ont pas scanné tout ça car ce serait du plagiat.

Finalement je vois le bout du tube LED et l’infirmière me répond « Oui bien sûr vous pouvez quitter la ville si c’est une urgence vitale on vous appellera de toute façon ». J’hésite sur la façon de ponctuer cette phrase, ce qui changerait diamétralement le sens de l’urgence.

La secrétaire n’est guère charmante. Ma présence semble la contrarier alors que je me suis rarement sentie aussi inconsistante, et puis elle mâche un chewing-gum. Elle réclame ma carte vitale ; je lui tends ma carte bleue mais elle me dit que tout est pris en charge. C’est la verte, qu’elle veut. Soudain l’envie de me faire porter pâle. Je lui donne tout ce que j’ai pour qu’elle fasse elle-même son petit marché comme les personnes âgées tendent aux commerçants leur porte-monnaie parce qu’on n’a plus le temps d’hésiter à la fin — prenez donc ce qu’il vous faut. Elle me rend toutes les cartes de fidélité en précisant « Ça, j’ai pas besoin ».

(1/2)