02.02.23

En raison de mes yeux peut-être, on m’appelle “Dendrobate Bleu” dans le milieu — mais lequel au juste ? Force est de constater que l’on ne m’a jamais donné de réponse très claire et pourtant, je vous assure, j’ouvre bien les oreilles, parfois même en pose une, vive, sur votre bouche… mais rien. Jamais rien de plus inoffensif qu’un dernier souffle.

Quant aux plumes des oiseaux, bien sûr qu’il existe un moyen d’en changer la couleur et les rendre à nos yeux plus éclatantes (cela, bien avant l’invention de la retouche photo) ! Il s’agit de tapirer. (Et pour ce faire, il arrive même qu’on utilise le mucus et le sang de l’amphibien bleuté avec lequel je partagerais donc quelques caractéristiques). Reste qu’il faudrait inévitablement le plumer d’abord, lui passer ensuite de la pommade et le regarder tranquillement s’y engluer ; cependant, bien que fadasse, l’oiseau est plutôt tenace encore, si ce n’est de passage. Aussi pourrait-il vous dire d’aller vous plumarder bien profond sous votre couette au gonflant impeccable.

Enfin, dans la bouche des tribus amérindiennes, saviez-vous que l’azurée grenouille du genre dendrobate (et plutôt serviable, ma foi) se nommait Okopipi ? Okopipi, vous entendez ? Dès lors, comment lui en vouloir ? Elle ferait en outre d’excellentes flèches empoisonnées pour changer un peu du curare, substance quant à elle extraite d’une liane tropicale. De quoi me la rendre extrêmement sympathique à la fin, cette drôle de raine envenimée ! disons presque autant que l’oiseau en verve. Et puis, rien de tel qu’un mot savamment choisi pour briller dans mil lieux troubles, je vous l’assure, c’est re-dou-ta-bleu.

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