C’est décidé, j’arrête l’aquabike et me lance corps et âme dans la lutte sur pieuvre. Très populaire aux États-Unis dans les années 60, elle n’attendait que mon infatigable poigne pour revenir tout de go sur le devant de la scène.
Les règles sont simples : d’abord, trouver une étendue d’eau salée et une combinaison néoprène. Ensuite, il suffit de savoir nager dans une eau assez peu profonde (si vous croisez un poisson abyssal, remontez immédiatement : vous êtes allé trop loin), retenir sa respiration le plus longtemps possible et ouvrir grand les yeux (un seul si vous souffrez de strabisme, sans quoi vous risqueriez, à l’instar de votre œil, de partir sur une mauvaise piste). Ne reste plus qu’à dénicher alors le céphalopode, l’arracher de son habitat naturel, le remonter de force à la surface et, dans un dernier effort, se dégager des tentacules — ce que j’ai toujours fait, en somme, avec ma tête et mes pieds, ainsi que d’autres mollusques moins vivaces. J’ai donc la ferme intention, oui, de remporter bientôt quelques coupes et médailles : c’est qu’il me faut des résultats rapides, sinon l’encre sèche.
Le prête-plume a les mains sales, me fit-il remarquer, comme je fuis entre ses doigts depuis la première incise.