Peut-on encore se plaindre d’ainsi fondre sous le soleil quand c’est lui, à l’évidence, qui fond sur nous ?
Fondu a fortiori, le poupon de cire oublié dans l’habitacle ! Le parking est plus vide encore que la double-page de mots fléchés, restée ouverte comme la bouche suffoque, sur la plage arrière de l’auto — se verrouille toute seule quand on s’éloigne. La grille Spécial Grandes Vacances, inaccessible malgré le réhausseur : il faudra étouffer en huit lettres sans autre distraction, au milieu de toutes ces places libres.
Cependant la baignade reste interdite sur plusieurs sites, de multiples analyses bactériologiques confirmant la pollution des eaux : ici, un risque de staphylocoque ; plus loin, des cyanotoxines… Oui, bon, l’eau est marronnasse mais le petit a sa couleur normale ! Regardez donc par vous-mêmes, insiste-t-elle. De son point de vue (un repose-tête pliable), ce n’est pas vraiment dangereux : les draps sont bien remplis d’acariens et ça n’empêche pas le monde de dormir, alors quoi ! Dès qu’ils seront à la maison, elle passera son petit trésor au karcher – au tuyau d’arrosage, elle veut dire, parce qu’ils ont un bout de jardin maintenant. Enfin, le journaliste pose à la mère une question pertinente, non moins que la réponse : Pourquoi je ne me baigne pas ? Oh, c’est que moi j’ai toujours préféré bronzer, et puis franchement, entre nous, ça me dégoûte un peu, la couleur. Pour moi l’eau c’est bleu, mais pour lui, l’eau ça mouille voilà tout. Regardez comme il est content, tout mouillé comme une poule.