Intempestive, la publicité m’interroge : En ce jour si particulier, ai-je envie de combler ma mère ? Et comment ! La combler ! Oui, la rembourrer un peu, que n’y ai-je pensé plus tôt ? ça ne lui ferait pas de mal (enfin, je crois). C’est vrai que mère s’est considérablement dégonflée depuis que je l’ai vue prendre l’air pour la dernière fois — je me rappelle, le vent passait sous sa jupe, la faisait bouffer alors, bouffer jusqu’à la crinoline et comme elle pouffait ! je me rappelle, de rire elle pouffait, à pleins poumons elle riait, et je bouffais ce rire, moi, de petite gamine.
Qu’elle retrouve un tantinet de volume, c’est ça, son moelleux initial, et le voilà comblé le vide à l’arrière de la nuque ! Et qu’elle blouse ! je veux la voir blouser encore, la vaporeuse, qu’elle s’échappe de la ceinture où on l’arrime, elle n’en sera que plus confortable. Ample et confortable, c’est ça, de la place. De la place pour deux trois courants d’air.
Cependant, je manquais de souffle comme j’avais tout donné, déjà, pour mon bateau gonflable.
Remonter au vent,
vent du midi,
midinette chérie,
de fond en comble chérie.