24.08.21

L’enfant empoigne les jambes de sa mère, froides comme une paire de ciseaux. À la faveur d’un entrechat, elle lui coupe un doigt, une mèche de cheveux et le bout de son museau. Ça ne le calme pas. Affolé de la voir partir, l’abandonnant ici, avec les monstres de sous le lit, il agrippe ses chevilles globuleuses – la malléole a une tête d’épingle –, enfonce ses ongles dans le cuir des mollets et finit coupé en deux lorsqu’elle referme violemment la porte sur lui. Ainsi divisé, il peut désormais se garder tout seul, comme un grand (les grands, il le sait, passent leur temps à se dédoubler, parfois même se mettent en quatre pour augmenter les chances de s’entendre) : la partie basse se met sagement au lit, les pieds sur l’oreiller, tandis que la tête repose sur la table du salon, veillant un peu devant la télévision. Présence familière, doux bruit de fond que les cris de sa mère décapitée en direct.
Puis, l’écran devient tout noir : pour voir la suite du programme, il faut payer davantage.

Aujourd’hui dans Question de mode : on aime son tombé nonchalant, sa coupe unisexe, son tissu respirant… Intemporel et confortable, on dit de lui qu’il a déjà détrôné le paréo et s’apprête à conquérir le monde de la haute couture ! Alors ? Si vous pensez avoir la réponse, merci de nous la donner.

Se glisse, entre deux Priorité au direct, un reportage sur la discrimination capillaire et l’ouverture d’un salon dédié aux cheveux bouclés : La Touffe sans pareille. Un véritable sacerdoce pour cette auto-entrepreneuse que de combattre la moquerie du frisottis et de gonfler les crinières. À chaque shampoing, elle ne manque pas de bénir l’eau claire qui, à l’instar de Pluie La Divine, ruine diktats et brushings. Lieu de tolérance s’il en est, on y accueille aussi bien les anglaises que les afros. En revanche, pour les lissages brésiliens, les cheveux raplapla, les baguettes et les franges rideaux, c’est de l’autre côté de la rue que ça se coiffe, nous explique la journaliste ; laquelle, impartiale, se met en route vers La Fine Fleur du Lisse.

Une voix de synthèse énumère les noms de toutes les victimes de la horde tandis que défilent sans effort quantité de linceuls, ni trop larges ni trop serrés, parfaitement uniformes sur le carrousel à bagages de l’aéroport, privatisé pour l’occasion.

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