Alors que les étudiants pourrissent sur leur couchette ou se pressent à la banque alimentaire sans passer par la case départ, les petits vieux s’accrochent à la barre de lit et au privilège de la vaccination prioritaire. Moisissant dans leur chambrette, ils persistent à guetter par la fenêtre le défilé des têtes et autres masques familiers.
— Agueusie et Anosmie sont dans le même bateau, Anosmie tombe à l’eau, qu’est-ce qu’il reste ? Agheu agheu…
Ailleurs suppure l’attente, s’empoussièrent les velours du cinéma, germent les pommes de terre dans les hangars, croupissent les girafes de bière, rancit l’olive qui a roulé sous la table bancale le premier janvier deux mille vingt à 00h57. Derrière le zinc, les eaux-de-vie résistent ; par contre, définitivement avariée la charcuterie coupée d’avance tandis qu’une odeur d’ammoniac s’exhale des planches de fromage. Reste à partager la joie – que dis-je, la chance ! – d’avoir perdu ensemble le goût et l’odorat.
Disons-le, ça pue franchement, une ombre en décomposition.
Ceux qui broient du noir sauront apprécier la chapelure, faute de quoi seront amenés à perdre le goût du pain.
Qu’à cela ne tienne ! il ne faut pas désespérer ! Prenons exemple sur ces ascètes que le vent, énergie renouvelable qui plus est, suffit à nourrir ! Une recette facile et saine : y ajouter quelques bonnes ondes 5G et une ampoule plein spectre.