l’été 2020
Le torse nu traversé par une bandoulière, une bouée flamant rose ceinturant le ventre et, pour seuls vêtements, un short de bain dont dépasse la ficelle de réglage mal nouée et des chaussettes de sport blanches donc déjà noires au talon et aux orteils, un jeune homme se poste sous un balcon avec en tête un scénario bien ficelé. En réalité, rien ne se passe comme prévu.
À cause des mules sans doute ou d’un manque de concentration, il trébuche sur un mot, crie malencontreusement son amour à Thelma au lieu de Mathilde. Laquelle le chasse immédiatement de sa maison de vacances et des quatre murs de ses réseaux sociaux. Il se traîne alors jusqu’au camping, le cœur et les bras lourds, accompagné de trois bosses sur le front dues à la mauvaise réception de sa console de jeux, son enceinte sans fil et sa chaise pliante, jetées par la fenêtre de celle qui refuse qu’on la prenne pour quelqu’un d’autre.
Alors qu’il ouvre l’œil, à la recherche de son bungalow qui ressemble de près ou de loin à celui du voisin, Mathilde et Thelma rouvrent WhatsApp, se reconnaissent, s’insultent, se menacent, puis finalement sympathisent. Elles s’officialisent rapidement meilleures copines ; à l’avenir, elles seront comme cul et crop top. Elles se prêteront même leur nombril.