Je ne savais pas qu’une paire de dents de sagesse étaient « sorties de l’os » – mais non encore de la gencive – du côté droit de ma mâchoire. Contre toute attente. En effet, si j’avais pris rendez-vous chez le dentiste en urgence, c’était en raison d’une douleur du côté gauche ; j’étais persuadée qu’à cet endroit, et à cet endroit seulement, voulait poindre la sagesse. (Et puisqu’on nous conseille à tout bout de champ de croquer la vie à pleines dents, j’étais prête à accepter ces deux nouveaux occupants s’ils me rendaient quelques services et ne dérangeaient pas trop le voisinage.) Après avoir bénéficié d’un panoramique dentaire – la tête prisonnière d’un curieux dispositif et la bouche figée dans un effrayant rictus, j’expérimentais une version nouvelle de la technique « Ludovico » d’Orange Mécanique –, je dus pourtant admettre qu’à gauche, il n’y avait rien, absolument rien, pas même un germe…
La sagesse ne se loge en définitive jamais où l’on croit. Tout contre l’attente, et en creusant bien, il est néanmoins possible d’en trouver un agréable substitut – à moins qu’il n’en constitue la racine même, ou juste le chemin – sous la plante des pieds qui s’offrent au massage, dans les traits d’un visage fait à main levée, au cours d’une longue vie de menus apprentissages…