Je ne savais pas qu’ailleurs, dans cette ville voisine appartenant soudain à une autre sphère, explosaient d’autres chairs que la mienne, alors atomisée par la transe et l’éther. Pores nucléaires, boulimiques par essence et, par la tienne, comme obstrués ; comment aurais-je pu imaginer qu’au même instant, autre part, on s’évidait de sa substance ? Paragenèse versus apocalypse. J’invoquais l’éternelle éclipse. Le plaisir était coupé du monde, dans cette boîte de nuit et de néons – plaisir coupable.
Dans tes bras, retrouver un pays natal. BLEU BLANC ROUGE : rien d’autre que cette trinité de couleurs sur nos corps-hématomes, autochtones ; étendards d’un territoire libre, zones patriotes et érogènes à en mourir. Non, jamais le plaisir n’avait été si coupable, nécessaire, capital. Terroriste de ma chair, nue et claire, bientôt bleue, blême, sanguine. Les draps, ta peau, ne font que clamer notre appartenance ; impossible de les imaginer en berne. Sous ton étreinte, sous l’opercule de notre vase clos, je retrouve mes repères, et ressens ce minuscule stigmate, l’initiale de ton prénom, capitale de ma cuisse scarifiée, à ton seul culte sacrifiée. Monter, descendre, monter ; un début d’encéphalogramme. Nos âmes, ce N.
Sous mes yeux flotte aujourd’hui Paul Éluard ; j’y lis comme un espoir : la capitale de la douleur est suivie de l’amour, la poésie. Et si, dans un poème, les kamikazes n’existaient qu’à la lettre… des vents divins. Un autre Paul disait le vent se lève, il faut tenter de vivre. Alors, je te tente et l’on s’essouffle – derechef, je retourne à ton autre pôle puisque là seul est le céleste.