Je ne savais pas que cet ingrédient, entrant dans la composition de certains produits de beauté et désigné sous le terme de castor oil, était, non pas une huile extraite, par seringue, après injection intraveineuse d’un somnifère juste au-dessus de la queue, de la réserve lipidique de pauvres rongeurs semi-aquatiques, élus meilleurs ouvriers de France en bâtiment dans mon enfance, mais, tout bonnement, de l’huile de ricin. J’ai donc dû descendre au plus vite au local à poubelles afin de récupérer mes précieux produits de soin, jetés dans un élan d’altruisme et de dégoût – toute révoltée que j’étais par le processus d’extraction imaginé et saisie de mélancolie en repensant à Octave, feu mon castor en peluche, qui portait une écharpe du « Meilleur Bricoleur » –, et de retrouver alors ma peau de bébé sans honte ni vergogne. Je pourrai finalement me rendre dignement au zoo, lors de la prochaine sortie familiale du dimanche, et me montrer aux animaux sous mon meilleur jour : il ne fait aucun doute que mon teint, éclatant, rayon de soleil offert sur un plateau, traversera même les barreaux.