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Je ne sais strictement plus quoi dire à mon psy. On se regarde en chiens de faïence, et je reste de marbre face à ses silences soi-disant thérapeutiques. J’en suis fort désappointée puisque, d’un commun accord, nous nous étions tous deux promis le transfert. Je le paie, il m’écoute, je lui fais payer le fait de m’écouter tout en étant rémunéré… en somme, une relation non plus malsaine qu’une autre. Malgré cette relative lucidité, je n’attends pas de lui qu’il se tourne les pouces : il est temps qu’il appuie sur le point sensible, sur moi, sur ça ; qu’il me compresse entre les deux plaques métalliques d’un étau, entre celles d’un appareil à croque-monsieur ; qu’il m’écrase derrière une porte blindée, que sais-je encore ! Tant que j’atteins la décompression…

Je cherche, en vain, un sujet de conversation qui puisse nous faire éviter la rupture – que je sens imminente. Pourtant, j’admets aussi prendre un certain plaisir, par mon silence, à lui faire goûter au sentiment d’impuissance qui ne me quitte pas d’une semelle, et dont j’espérais me débarrasser à force de me frotter au corps médical, au paillasson de l’âme.

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