Je ne sais pas ce que j’ai. Combien de fois, déjà, a-t-on entendu cette larmoyante affirmation ? Les hommes parlent sans réfléchir, et se trompent de relative : ce qu’ils ont, ils peuvent aisément en faire une liste, plus ou moins longue selon leur classe sociale, leur chance au jeu, ou leur degré d’accumulation, de préoccupation matérielle… Rien de plus tangible, et parfois de plus rassurant, que la possession.
Quand on ne comprend plus rien de la cause de notre mal, c’est que l’on n’a momentanément plus rien, rien d’autre que les yeux pour pleurer, la voix pour se plaindre, et, avec un peu de chance, d’altruistes amis, prêts à faire l’impasse sur notre manque de rigueur linguistique. J’émettrai finalement l’hypothèse que c’est l’être, et non l’avoir, qui nous a – et nous a bien eus.