Je ne sais comment définir l’extrême jouissance, ressentie lorsque j’arrache les particules mortes de mon corps, et principalement ses croûtes, ces petites plaques croustillantes qui, une fois fissurées, laissent s’échapper la substantifique moelle – c’est-à-dire un flux rouge, jaune ou translucide. N’étant cependant pas très casse-cou, je dois généralement me contenter des croûtes de mon entourage (plus ou moins proche). Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les autres sont rarement réfractaires à une petite séance de triturage ; lequel est nécessaire à la régulation du cortisol, et au bon maintien de mon taux de sérotonine.
Patchouli, ma valeureuse féline au cancer déclaré, en est l’illustration parfaite : son stoïcisme m’autorise à parcourir la récente cicatrice le long de ses tétines rosées, qui contrastent si tendrement avec son pelage sombre, et avec le pourpre presque noir du sang coagulé. Je l’émonde ; elle m’amende. Les neuf points de suture m’évoquent ceux de suspension ; la croûte ne résiste pas à la caresse, et la caresse est un moment suspendu………