Je ne savais pas encore, au matin, si j’allais fêter la nouvelle année. Après avoir procédé à une analyse exhaustive, mais non moins méthodique, de l’année passée, considéré ses bienfaits et ses préjudices effectifs (en somme, avoir fait ce que l’on appelle pompeusement, et généralement avant de le déposer, un bilan), je ne relevai aucun indice en faveur d’une célébration. La soirée du 31 décembre devra donc se dérouler comme toutes les autres, rituellement organisées autour d’une verveine, d’une taie, et d’un carnet – de regrets (recto), de projets (verso), et de velléités (recto-verso). Je m’endormirai avant minuit, égoïstement déployée façon étoile de mer, et, à mon réveil, l’année 2014, sur moi, sera passée, trépassée, repassée même, peut-être, mais sans jamais perturber mon sommeil : elle aura, pour cela, cruellement manqué d’endurance. A l’évidence, les 365 prochains jours seront à l’image une petite éjaculation précoce : je les verrai se retirer avant d’avoir pu, seulement, espérer conclure.