Je ne savais pas que l’on pouvait désormais connaître l’âge biologique de son organisme grâce à une simple prise de sang mesurant les télomères, de petits capuchons qui protègent nos chromosomes, à l’image de ces embouts en plastique sagement placés à l’extrémité des lacets. La lubie actuelle étant de repousser au plus loin l’âge de la décrépitude physique (en ce qui concerne l’intellectuelle, rien ne presse), il paraît tout naturel que les « médecins anti-âge » (oui, cette dénomination existe bel et bien) aient la cote, et ce, même à 500 euros la consultation (oui (bis), si l’on a de petits télomères, mieux vaut avoir un large compte en banque). Ces médecins œuvreront, alors, sans ménagement, à rallonger votre espérance de vie : ils vous conseilleront d’abord de privilégier « une vie sans excès » (c’est-à-dire de devenir le poisson rouge d’un luxueux bocal autonettoyant), puis de vous procurer rapidement du TA-65, gélules au prix lui aussi exorbitant, censées stimuler la télomérase. Que de temps perdu à s’efforcer de le rallonger ! Certes, la mort fait peur, mais de là à en faire tout un plat – un plat de pilules miracles et d’aliments insipides, mais bons pour nos télomères… Et si nous allions tous, plutôt, investir dans des sabots, tongs ou toutes autres chaussures confortables, sans œillets ? Et, plutôt que prévenir, gais, rire…