Je ne savais pas quoi t’offrir. Il fallait bien, pourtant, te remercier d’être née, mais rien n’était assez sublime pour te soulever, suffisamment solide pour te faire descendre, correctement empaqueté pour arriver à bon éther sans fêlure. J’avoue m’y être prise un peu tard… mais j’ai sous la main cette vie que je n’ai su m’ôter (qui plus est, dans son emballage d’origine) : à vue d’œil, je t’assure, elle devrait t’aller comme un gant – comme ce gant de toilette qui suinte encore sur le bord de la baignoire, lessivée par le supplice de la goutte érosive, de la goutte qui gangrène ; comme ces gants de laine qui reposaient sur tes cuisses, et qui, systématiquement, se perdaient, lorsque tu sortais de la voiture, lorsque tu oubliais simplement que c’était l’hiver, lorsque tu quittais ton banc de pierre, ce banc qui garde encore un peu de ta chaleur (ou serait-ce celle du soleil ?)… Pour ton anniversaire, donc, je m’empaquette ; je pense t’aller comme si je t’avais toujours appartenu.