Je ne savais pas que Léon Tolstoï avait fait réécrire le manuscrit de La Sonate à Kreutzer à sa femme Sofia Andreïevna, qui, pour ne pas le froisser, dut faire abstraction des multiples critiques méprisantes de son cher et tendre au sujet du mariage, des femmes, et de la procréation. Se pose alors la question du plus fidèle en amour : l’épouse, capable de réécrire chaque mot, abhorré, de l’être qu’elle continue malgré tout d’accompagner, ou l’écrivain qui, par confiance peut-être, ou simplement par orgueil, tout du moins sans honte ni crainte d’abandon, confie à sa femme un texte ô combien blessant à l’égard de ce qu’elle est (épouse, femme et mère) ?