51

Je ne savais pas que cet homme au loin – qui marchait dans ma direction, sans parapluie sous l’averse de grêle, le corps légèrement incliné sur sa gauche, et qui luttait contre le vent, visiblement friand de sa cigarette que j’imaginais sans filtre, tout en remontant un pantalon devenu trop grand pour lui, tandis que j’avançais, penchée légèrement sur la droite du fait de mon lourd bagage, les jambes encore engourdies par le voyage en train et en train, justement, d’essayer de resserrer avec une main la ceinture du jean pour lequel je devais être trop grêle, tout en me disputant avec le vent la dernière bouffée d’un mégot humide –, que cet homme, enfin, c’était mon père.

Leave a Comment

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.