Je ne savais pas que cet homme au loin – qui marchait dans ma direction, sans parapluie sous l’averse de grêle, le corps légèrement incliné sur sa gauche, et qui luttait contre le vent, visiblement friand de sa cigarette que j’imaginais sans filtre, tout en remontant un pantalon devenu trop grand pour lui, tandis que j’avançais, penchée légèrement sur la droite du fait de mon lourd bagage, les jambes encore engourdies par le voyage en train et en train, justement, d’essayer de resserrer avec une main la ceinture du jean pour lequel je devais être trop grêle, tout en me disputant avec le vent la dernière bouffée d’un mégot humide –, que cet homme, enfin, c’était mon père.