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Je ne savais pas qu’un met « façon Rossini » associait, dans le même plat, truffe et foie gras, les deux péchés mignons du compositeur italien qui serait aussi à l’origine du mot tournedos : son maître d’hôtel, en effet, aurait jugé si surprenant de cuisiner le bœuf de cette façon qu’il préférât servir le plat « dans le dos » des convives. (On apprend décidément par l’intermédiaire de n’importe quel support puisque c’est au verso d’un mot d’excuse, glissé sous les essuie-glaces de la voiture familiale par un inconnu qui l’avait temporairement bloquée avec la sienne, que je lus l’intitulé du plat rossinien. Il s’agissait d’un menu « Belledonne » à 58,30 euros (toutes taxes comprises), imprimé sur une feuille de dimension A4, et plié de façon si nette que j’imaginai sans peine l’auteur du mot jouer de la guitare sans médiator, une telle pliure n’ayant pu s’effectuer qu’à l’aide d’un ongle fort long. L’inconnu gastronome, visiblement peu doué en créneaux, était en balade digestive et libéra notre voiture sitôt la digestion accomplie. C’est-à-dire, deux heures et demie plus tard. De fait, j’eus le temps d’écrire le texte ci-présent, au dos d’une enveloppe retrouvée dans mon sac, et sur la tôle de sa voiture.)

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